Discover the contemporary work of Âm
Âm a toujours tenu des pinceaux. Depuis sa plus tendre enfance, il suit des cours d’art plastique. Adolescent, Il va fréquenter les beaux arts de Versailles assidûment et longtemps.
Porté par l’académisme bienvenu de son premier professeur d’arts plastiques peintre de la marine, Hervé de Sainte-Foy et ensuite par la saine folie de son second à qui il doit tant, Bernard Pelloux, 1er second prix de Rome.
Puis la voix et la plume l’ont emporté, comme les sirènes. Il va se perdre ailleurs. Un temps. Intensément aussi.
Mais peindre était en lui.
Et ce désir, à force d’avoir été caché par des strates de mauvaises raisons, a fini par sourdre. Violemment. A gros bouillons dirait Brel qu’il affectionne particulièrement. Il fallait que la re rencontre, les retrouvailles se fassent.
Pas vite même s’il y avait urgence. Mais physiquement. Comme une rencontre amoureuse.
Il commence, recommence doucement. Sur des matières douces s’entend. Peinture acrylique et toile sur châssis. Mais si nobles soient ces moyens, c’est trop doux.
Il se lasse de ne pas s’enlacer car il n’y a pas de prises.
Am a trop attendu.
Il lui en en faut plus.
Il imagine la toile de jute.
Impossible lui dit une amie artiste peintre.
Mais impossible n’est pas possible.
Il achète des rouleaux de toile de jute.
Les trous de la matière effectivement empêchent de peindre.
Alors il utilise de l’enduit pour couvrir la toile.
Il utilise la matière. Sans s’attaquer à elle. En alliée, amie, amante.
Car c’est physiquement qu’il s’investit dans la création même du support qui exige une présence, une pression physique.
Il s’allonge sur ses supports, en se portant.
Il finit suant.
A coup d’enduits différents ils crée ses bases avec des spatules.
Et puis il passe des heures devant cette « toile » .
A la voir, l’écouter, la toucher.
Sensiblement, sensuellement presque.
Pas une toile n’est identique à l’autre.
La toile et lui échangent et les impressions du moment l’emportent, le portent.
Il utilise des pinceaux certes.
Mais là encore ils montrent des limites policées. Alors il prend des pinceaux plus grands, puis des brosses, des râteaux, des balais, en coco, en silicone même, et même des branches de conifères, de différents types, ses doigts enfin parfois.
Il tente tout. Sans limite mais avec pensées.
Et réflexion. Plus c’est nature plus c’est pur.
Il commence alors des « one touch ».
Et puis des séries.
Pour se structurer. Pour s’apprivoiser.
Les portes d’abord.
Qui déchirent la toile, l’ouvrent ou la ferment selon le spectateur.
Elles sont son soi profond.
Ouvert à l’autre, à l’homme. Mais déchiré aussi. Par des joies aussi grandes que ses peines.
Des couleurs tribales. Rouge, marron, noir, blanc. Bleu parfois mais rarement.
Les ponts ensuite. Souvenirs de voyages. De lieux qui sont lui. La peinture de l’un des ponts de San Francisco par exemple viendra d’un pot de ce véritable orange international anti rouille qui mettra des semaines à arriver à son atelier. Il y a des traces de lui dans ces traces de rouille cachée.
Ensuite le Finistère. La terre qui finit. Sur les traces des Pen-Duick, en admiration face aux Glénan, ou en hommage à Queffelec, il répond à la mer qu’il sert et serre. Mais il y a les lueurs, toujours; des bouées ou du soleil. Même dans la tempête, dans le noir ou le gris.
L’espérance qui le porte.