Discover the contemporary work of Muriel CAYET
Author of about fifteen books ? short stories and biographies of fiction - and also specialist in the accounts of life, Muriel Cayet is also and before-all a art-therapist.The writing has made the place to the panting for a few years while allowing this professional formation and of the relation of assistance, to test the eminently therapeutic role of creation, in fact of pictorial creation. To create is also to reach its emotions and to recognize them like his via creation, projection on the fabric, to allow visualization of its feelings in work and of course symbolization. Personal development, greater comfort and why not happiness to creation? The answer is yes! These fabrics are instinctive, intuitive creations and privilege an idea: the shape being done, pleasure and happiness of the expression, at the moment of the action.Mirror of the emotions? Without any doubt!
Une démarche comme une profession de foi…
Ma peinture part d’un élan fondamentalement instinctif, qui petit à petit s’harmonise, s’humanise et s’idéalise, se meut en artistique, devenant tour à tour, inventif, créatif, joyeux et rêveur. Une équation subtile qui m’entraîne vers un espace ouvert, illimité, l’univers tout entier, une forme d’idéal d’espace et de temps. Etre un artiste, c’est travailler sur l’affirmation d’une personnalité singulière, et prendre pas à pas conscience de la route que l’on doit emprunter, nourrie d’expériences sensibles, sans perdre de vue l’ici et le maintenant. Trouver son point d’ancrage, s’y amarrer solidement, avoir conscience dans chacun de ses gestes, de vivre, d’exister, cheviller ses principes au corps de toute toile et peindre pour vivre, pour être et appréhender tous les instants. Se servir de tous ses sens, de toutes ses émotions, l’œil qui guide et qui choisit, enregistre et transmet comme un allié utile. Il ouvre cette porte magique d’un monde onirique, où le réel et l’imaginaire ne font qu’un, où tout se rejoint dans un cadre unique : celui du tableau.
Tous les outils sont précieux : les souvenirs d’une enfance qui rêvait de voyages et de marins, les premiers bords en mer, moments gravés de liberté et de communion avec les flots, des songes de large, le bleu sous la lune et toutes les tentatives sur les cahiers d’essai, et tous ces exercices qui petit à petit rendent toutes les eaux calmes et limpides. La couleur omniprésente telle une allégorie de la vie qui dit simplement « C’est ça, tu vis, tu y es ! ». Les couleurs le chantent, le fredonnent, le rythment, l’ondoient avec joie et clarté, et nous conduisent, joyeuses, à la salle des trésors.
Mon chemin se fait tranquillement, par étapes ; un départ puis grandir, une halte pour comprendre et réaliser, des aspirations pour accueillir les nouveautés, les expérimentations, le dessin de sa vie, le destin à dessein ; et entrer dans son estime. Tout vivre, tout faire, tout conserver comme dans une sorte de royaume des souvenirs, réunis, unifiés, les plus récents ou ceux qui surgissent de l’enfance, toujours jeunes et neufs à l’infini.
Je me suis posée un jour la question de n’être que peintre, de n’être que pour peindre, sans restriction, avec l’ouverture d’un nouvel espace, d’un autre champ, et la réponse s’est imposée. « Tu dois toujours être maître de ta vie, maître de ta destinée, complice de tes réalisations, il faut le faire vivre de ton art, de ce que l’art a donné ; vivre avec la peinture sans plus jamais réfléchir. »
Avancer sur le chemin de la vie avec souplesse et dans le seul présent comme outil de toutes les lucidités, de toutes les consciences, de toutes les résolutions ; une porte vers la libération, une porte vers la liberté. Un stylo, de quoi dessiner, de bons ustensiles à faire, pour avancer en demeurant, demeurer fidèle à ce qui est sa vie. Réussir l’alchimie entre le passé des souvenirs et l’avenir des destinations nouvelles ; faire que le « où » devienne partout et donner à chaque jour un sens à sa naissance.
Le point de départ est toujours symbolique ; symbole fixe de notre cheminement : un zeste de nostalgie créatrice, des souvenirs de jeunesse, et cette intuition d’une appartenance à une famille, à une lignée, ancestrale, celles des peintres de toujours.
L’instinct qui pousse à créer, à chercher au cœur de soi et de son âme, le vrai, le juste, le rire, l’approbation, la sérénité, pour ne faire qu’un avec soi. Une once de réalisme, celui qui bâtit, qui nous fait croître et tenir debout, non comme des statues, mais comme des coureurs de fond et de sens, à la poursuite d’une idée ou d’un idéal, du natif à l’esthétique.
L’expérience artistique, c’est vivre en conscience, celle de nos anciens, nos aïeuls, nos grands ancêtres, accepter leur présence éternelle qui nous donne des ailes pour poursuivre notre rêve d’îles lointaines et continuer leur chemin de sagesse, celui de nos aînés, de nos alliés. Pour sereinement peindre la vie, et un jour, passer le gué.
Peindre, ce n’est pas forcément à atteindre l’idéal du beau ou d’un certain beau, c’est simplement s’émouvoir de la vision d’un champ d’oliviers au couchant, du regard d’une Esther qui souffre ou qui rit, du ciel qui se joint à la mer dans un uni de bleu. C’est faire flamboyer les rouges et les ocres, les entraîner dans une course tumultueuse et turbulente, leur donner de nouveaux atours bien loin de l’uniforme. Et faire le tour du monde. Calibrer les nuances, redessiner les paysages, réaliser l’osmose en rêvant d’oisiveté et travailler comme jamais, tester et tenter dans un éternel été. Au zénith de sa vie, on connaît enfin les raisons de ses choix, quand on a fait le choix non du pourquoi, mais celui du comment. Comment réunir toutes les phases, les versants, les aspects de son existence, l’ascendance, la descendance, la présence. Plus de rêves impossibles, mais juste se souvenir du parfum de violette de Marthe, de la théorie des ensembles, de la première scène d’Ubu. De tous les sentiments qui nous emportent en dehors de nous, vers nous. Des rois que sont les poètes et les peintres, qui œuvre après œuvre, gagnent les paradis. Ouvrir les jours, s’offrir les nuits, accéder aux mythes des grands livres, des kermesses antiques, des forêts symboliques, des camaïeux de verts et des irisés de bleus. Y aller !
La sérénité, c’est vivre dans une forme de confort intime et personnel, pouvoir avancer dans sa vie avec grâce, des trouées dans le ciel. Etre simple, résoudre les inconnues de toutes les équations, et trouver sur son chemin, tous les dénominateurs communs.
Vivre le temps comme s’il n’existait pas, intemporalité des gestes et des actions. Affirmer l’appartenance, se jouer des costumes, afficher sa différence, rejeter l’uniformité, et toujours accepter d’être témoin de son temps. Une éternelle jeunesse du rire et des idées, créer ses icones, dans une vie de mémoire, de l’enfance au jour présent, une sérénité réelle et palpable, une sérénité symbolique.
Le bonheur d’être peintre, c’est de mixer les temps, d’unir les sentiments aux couleurs, de mêler les différences. Transformer la poussière en matière vive et dans un pot de toutes les couleurs, faire naître dans son dessin, le secret, le tendre, le subtil, le puissant, les retrouvailles intemporelles, enfin renouées dans le destin de toute vie, gravées dans le dessein de sa vie.
Muriel Cayet – Août 2015
Qu’est-ce que l’art ?
Cette question, tout artiste se la pose forcément en amont ou en aval de son geste créateur, de ses actes d’individu créatif. Il semble que la réponse soit comme l’art lui-même, multiple, indéfinissable, indéfini, infini; complexe, contradictoire et sans limites. Et cette réponse sera bien entendu différente pour un artiste, ce faiseur d’art, dont la création lui sert à dire sur soi, sur son époque, sur ses rêves, sur l’autre, sur sa relation au monde, sur ses peurs, et ce sont, cette réalisation, ce positionnement, ces choix qui deviennent art. L’art a t-il été inventé par les hommes parce que la vie en elle-même, ou telle qu’elle se présentait par essence, organiquement, ne suffisait pas ? Avait-on besoin de s’inventer une forme de paradis sur terre ? L’homme a-t-il dans ses gênes, dans sa physiologie, dans ses neurones et ses atomes, l’art en présence ? Inné ? Acquis ? Naturel ou culturel ? Qu’est-ce qui a poussé un jour nos ancêtres à créer, à « faire « de l’art, à faire œuvre, à entrer en création, à rendre visible l’invisible, à dire l’indicible ? Qui - ou quoi ? - décide qu’une création humaine est une œuvre d’art ?
Des questions que je me pose évidemment en tant qu’artiste. Vivre l’art, c’est mettre en œuvre l’instinct qui pousse à créer, à chercher au cœur de soi et de son âme, le vrai, le juste, le rire, l’approbation, la sérénité, pour ne faire qu’un avec soi. Une équation subtile qui m’entraîne vers un espace ouvert, illimité, l’univers tout entier, une forme d’idéal d’espace et de temps. Etre un artiste, c’est travailler sur l’affirmation d’une personnalité singulière, et prendre pas à pas conscience de la route que l’on doit emprunter, nourrie d’expériences sensibles, sans perdre de vue l’ici et le maintenant. Trouver son point d’ancrage, s’y amarrer solidement, avoir conscience dans chacun de ses gestes, de vivre, d’exister, cheviller ses principes au corps de toute toile et peindre pour vivre, pour être et appréhender tous les instants. Se servir de tous ses sens, de toutes ses émotions, l’œil qui guide et qui choisit, enregistre et transmet comme un allié utile. Il ouvre cette porte magique d’un monde onirique, où le réel et l’imaginaire ne font qu’un, où tout se rejoint dans un cadre unique : celui du tableau.
Une once de réalisme, celui qui bâtit, qui nous fait croître et tenir debout, non comme des statues, mais comme des coureurs de fond et de sens, à la poursuite d’une idée ou d’un idéal, du natif à l’esthétique. L’expérience artistique, c’est vivre en conscience, celle de nos anciens, nos aïeuls, nos grands ancêtres, c’est accepter leur présence éternelle qui nous donne des ailes pour poursuivre notre rêve d’îles lointaines et continuer leur chemin de sagesse, celui de nos aînés, de nos alliés. Pour sereinement peindre la vie, et un jour, passer le gué.
L’art, en dehors de la production d’œuvres, peut se définir également par sa vocation, ses fonctions : perçu comme un « davantage de vivre », il poétise et enchante la vie, mais aussi il transmet un message, il transcende les émotions, il irradie en dehors de la raison, il éduque la rétine par le sentiment, par les sens, il est mémoire. Je le vis au quotidien comme un vecteur permettant d’accéder à ses rêves, de réaliser les rêves que l’on porte en soi et en les transformant en art, il élève, affirme, ouvre les voies, les possibles, il abat les certitudes. Il ne punit pas, il n’est ni culpabilisant, ni répressif, il ne se veut jamais censeur, mais il est souvent censuré ou réprimé quand il apparaît trop en avance. Parce qu’il est fondateur et novateur, il est toujours en avance…
L’art est au-delà du terrestre, au-delà du temps, de l’espace. ; peut-être ainsi permet-il à ceux qui peuvent y accéder, de s’éloigner de la peur du futur, de la peur de soi et de l’autre, de la peur de la mort. L’art, cette pratique humaine, propre à l’homme, qui fait appel à nos sens, à notre vécu, à l’histoire, à l’esthétique, à la philosophie, à la pensée, à l’intellect, à l’intuition, à l’instinct, aux émotions, est espoir ; l’art, nous accompagne, que l’on soit créatif ou parce qu’on le fréquente en tant que spectateur, que lecteur, que visiteur, qu’ « émerveillé et ré-enchanté » ; aimer l’art, c’est aimer vivre, savoir être, c’est l’art d’être, l’art de vivre, l’art d’être vivant. L’art est-il naturel ? Notre capacité à créer et à nous émerveiller ne ferait-elle pas partie de notre patrimoine génétique ?
Et acte créateur après acte créateur, je peux sans doute proposer un semblant de réponse : l’art sait mixer les temps, unir les sentiments aux couleurs, mêler les différences. Etre un artiste, c’est aussi transformer la poussière en matière vive et dans un pot de toutes les couleurs, faire naître dans son dessin, le secret, le tendre, le subtil, le puissant, les retrouvailles intemporelles, enfin renouées dans le destin de toute vie, gravées dans le dessein de sa vie. En quête d’équilibre et d’harmonie, d’un style, percer son secret action après action, pensée après pensée, idée après idée, et accéder à ce rêve crédible et réalisé ; créer. Un geste simple pour accéder à la justesse de l’expression, des images tendres et drôles du passé pour agrémenter le souvenir, une stature posée, campée fermement, une expression sincère travaillée sans fioritures. Une cérébralité sans doute complexe, faite de surgissement de l’inconscient et d’un travail en théories, la nature espiègle et facétieuse transmise par des gènes amusés. Un sens pratique aiguisé, une capacité à dénouer, l’instinct en avant, l’invention comme moteur. Alchimie des idées et des sentiments au service d’une nature vaillante, d’un caractère travailleur.
Tout cela concourt à la composition de scènes pittoresques, faites de mille rencontres, de mille voyages, contenus dans les mille vies au destin aventureux d’un sang qui brûle et flamboie, qui fait battre le cœur solide, vibrer l’âme nette et sobre de vies riches.
Une peinture puissante confectionnée comme on rêve, de bribes et de parcelles, de souvenirs et de réminiscences, de scènes, de sens, d’images et de sentiments. Trouver l’énigme, des indices de sa résolution avec les yeux qui voient, les atomes qui, unis, réunis, cheminent, des bras pour planter, deux cerveaux pour le spiritualisé et le conceptualisé. Gagner le temps, rendre les couleurs et les traits, humains, naviguer au cœur de son histoire. Elle n’est pas faite pour orner cette peinture, pas seulement, mais elle donne des ailes, de la pierre à bâtir, des outils pour cultiver, des champs à voir fleurir.
Et le nez sous la lune, on contemple le spectacle ; celui qui nous permet d’y croire, celui qui nous permet de dire encore mieux ; et c’est sans doute cela, l’art…
Muriel Cayet –Février 2016