Discover the contemporary work of Dawn
Lorsqu'on découvre les oeuvres de l’artiste Dawn pour la première fois, on se demande dans quel
monde elles ont été fabriquées. Que sont-elles ? Photographies oniriques ou alors montages surréels ?
Aucun montage n’est effectué, encore moins de trucage, que ce soit pour la prise de vue infrarouge ou le
lightpainting.
Cet artiste totalement autodidacte se prend de passion pour le lightpainting dès 2011 et se lance
dans la photographie infrarouge en 2016. L’univers qui l’entoure devient source d’inspiration, entre
l’architecture, la botanique, l’histoire ou plus précisément la texture et la matière. C’est pourtant la
lumière qui occupe la plus grande part d’attention dans ses oeuvres. Elle devient objet scientifique par un
examen minutieux à finalité de compréhension. Cependant la rationalité est loin d’être présente dans ces
réalisations quelque peu surnaturelles qui accrochent notre attention. Un nouveau monde s’ouvre à nous.
Le lightpainting ; première rencontre avec la lumière. L’atmosphère sombre et mystérieuse, les
néons vifs et colorés, tout cela est nécessaire à sa réalisation. Dawn y mêle aussi la dextérité du graffiti et
les effluves du hip-hop sur une ville en trame de fond. Architecture urbaine et nature, géométrie
lumineuse précise et humanité, tout ne forme plus qu’un. Réelle retranscription d’une lumière dansante et
mouvante, Dawn en fait son pinceau, l’obscurité devenant son canevas. La lumière devient matériau à part
entière, s’écoulant de ses gestes précis pour faire apparaître, après un certain temps d’exposition, un tracé
lumineux intriguant et sophistiqué. Cette finalité photographique devient la preuve tangible de quelque
chose qui ne l’est pas. La lumière, la couleur, le mouvement, tout n’est que trace capturée. L’éphémère
devient indélébile. Plus qu’un photographe, Dawn travaille des deux côtés du boîtier. Ses gestes ondoient
et vibrent au gré de son inspiration plus ou moins calculée. Il subsiste tout de même une part de
spontanéité qui peut surgir lors de cette chorégraphie où s’opère un corps à corps avec la lumière mais
aussi avec le temps.
Lumière nocturne mais aussi diurne. L’onirisme et l’irréel des photographies infrarouges
questionnent notre regard, notre perception à la vie et au quotidien. Choses invisibles exhibées ou monde
imaginaire, Dawn nous fait tournoyer au sein de quelque chose que l’on ne connaît pourtant pas. Il
s’intéresse justement à la photographie infrarouge pour mettre en exergue cette lumière que nous ne
pouvons voir à l’oeil nu. En effet, la lumière que nous captons quotidiennement se décline en teintes allant
du violet au rouge. Seule une partie de ce spectre lumineux est visible. Au-dessus de 780mn l’invisible peut
être capturé par des réglages et outils spécifiques.
La lumière, pièce centrale de son oeuvre se décline ainsi de jour et de nuit. Les deux techniques que
sont l’infrarouge et le lightpainting sont bien distinctes, chacune restant sagement dans une case séparée.
Mais Dawn aimerait les faire se rencontrer, tenter de voir ce qui pourrait découler de leur entrechoc, l’une
et l’autre étant très opposées concernant la lumière tout en étant très complémentaires. La nuit la plus
profonde bascule derrière l’ensoleillement vif et presque agressif. Dawn est l’artiste protéiforme, entre
peintre de la lumière et photographe de l’invisible.
Emma Nübel