Discover the contemporary work of Monsieur de Foursaings
Didier Orain de Foursaings, est diplômé en arts plastiques de l’Université de Haute Bretagne (Rennes), peintre et dessinateur, il a travaillé sur la thématique des Territoires et Frontières à travers ses œuvres réalisées sur bois et carton à l’acrylique, encre de chine et au brou de noix qui ont fait l’objet de plusieurs expositions principalement à Paris. A compter de 2011 de nouvelles thématiques sont explorées et une soixantaine de tableaux réalisés et plusieurs centaines de dessins. En particulier les toiles et dessins migration du paysage qui forment un écho à l’actualité très contemporaine des déplacements et dérèglements (climatiques et migratoires) et un subtil clin d’œil à Claude Monet. De 2018 à aujourd’hui, 80 tableaux et plus de 400 dessins composent ce travail dont la thématique principale est « la fuite du paysage ».
Expositions de 2004 à 2018 à Paris, en Ile-de-France et en province.
Monsieur de Foursaings : cousin de Titien, Fragonard et Monet ou la peinture française entre grâce et souillure.
Le travail de Monsieur de Foursaings, souvent érudit, prend appui par le biais de séries thématiques (dans une approche renouvelée de la peinture) sur des références historiques à la « grande peinture classique ». Ainsi, il revisite le Titien ou Raphaël avec la thématique « Vatican III » ou les tableaux de Watteau, Nicolas Lancret ou Fragonard avec les séries « Au jardin » dont l’aspect visiblement libertin évite l’imitation ou l’irrespect pornographique pour une grâce rieuse et parfois ironique. La facture à la fois précise et puissante montre une grande maîtrise de la composition, comme de la couleur (qui tient pour une bonne part à sa très bonne connaissance de l’histoire de l’art) et aux audaces du mélange entre une pâte sensuelle et épaisse et un graphisme chirurgical qui en font un technicien remarquable.
Diplômé en arts plastiques de l’université de Rennes, instruit d’histoire biblique, de la divine comédie de Dante ou du mythe d’Orphée, il imprime une modernité étonnante dans ces compositions, en détournant habilement le code narratif qui oscille sur des espaces dissociés et pourtant articulés entre une figuration affirmée et une abstraction paysagère qui donne profondeur et ampleur à ses toiles. A cet égard le tableau « Orphée s’interrogeant » (116 x 90 cm, 2012) fait preuve d’une belle maîtrise dans la circulation des masses et d’une puissance saisissante qui cousinerait harmonieusement avec le travail d’un Ronan Barrot. On retrouve la même force dans « Les deux anglaises au parasol » (195 x 130 cm, 2013) qui mêle une « sauvagerie » du geste et de la texture à un sol verdoyant bucolique, un paysage de teintes roses et blanches qui donnent au tableau l’illusion d’un étrange pique-nique à la campagne.
La série au jardin allie ainsi élégance et sensualité en mettant en scène des jeunes filles éthérées dont les visages vides ou effacés inquiètent, qui évoluent en apesanteur dans une chatoyante enveloppe de verdure dont les nuances de verts, d’ocres et de roses donnent une luminosité étonnante aux œuvres.
C’est une caractéristique de l’œuvre de mettre en scène, y compris en utilisant les artifices de rideaux qui renvoient à un espace théâtral, des jeux de personnages errants, fantomatiques, comme perdus dans un décor inquiétant, flou ou brûlant.
C’est peut-être avec le grand tableau « Léon X est encore vert » (195 x130 cm, 2013) qu’il atteint son meilleur dans la série « Vatican III », avec ce mélange de complexité baroque dans la robe pourpre du Pape comme soulevé aux pieds par une vague et son visage au crane squelettique pétrifiant d’effroi la jeune femme à ses côtés.
Très fin connaisseur de la peinture moderne et contemporaine il s’inscrit dans une grande tradition qui évolue de Francis Bacon à Paul Rebeyrolle, en côtoyant Gérard Garouste, Jean-Charles Blais ou Philippe Cognée.
S’il faut illustrer davantage par des références rassurantes il allie à la fois la robustesse (peinture terreuse et pourpre et solidement assise) d’un Ronan Barrot cité plus avant et la délicatesse et le charme de la transparence d’un Marc Desgrandchamps.
La cinquantaine de tableaux et les centaines de dessins qui s’accumulent dans son atelier rendent compte d’une œuvre cohérente et parfaitement structurée, poursuivant une recherche obsessionnelle qui vise à opérer une reconstruction d’un réel presque anachronique, avec un plaisir visible et rieur.
Depuis 2018, une nouvelle série « Fuite du paysage » est créée et comprend plusieurs centaines de dessins seuls ou assemblés en polyptiques, chaque dessin est réalisé aux crayons aquarelles sur papier, parfois augmenté de pastels sur un format carré unique de 40 x 40 cm, ainsi qu’une vingtaine de toiles à l’huile. Cette série s’inscrit dans la thématique de la migration du paysage qui forme un écho à l’actualité très contemporaine des déplacements et dérèglements (climatiques et migratoires) et un subtil clin d’œil à Claude Monet. Cette remarquable série est très délicate et subtile dans la palette et la composition et les éléments graphiques qui la compose sont parfois comme évanescents et proche de l’effacement. La qualité paysagère dans laquelle sont mis en scène des objets ou des morceaux de « réalité » reconnaissables ou non montrent une palette et un registre impressionnant. Cette nouvelle série confirme une approche très subtile du dessin et de la peinture dans une contemporanéité presque indicible, convoquant la poésie infinie de la lumière et du paysage et la disparition par effacement du monde.
Veronica March