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Elle a dit oui…Elle a dit non, puis oui et finalement, non. Mais alors, elle revenu sur sa dernière décision, ça je trouve que c’est la meilleure décision qu’elle n’ait jamais prise. Puis en fait non, de nouveau, encore. Merde, là j’y croyais. Je commençais à le croire, car je fantasmais déjà depuis un moment. Depuis un bon mois. Elle aussi d’ailleurs, elle me l’avoué, de surcroît depuis plus longtemps. Comme quoi, on n’est pas passé loin, pourtant on a eu le temps. On s’est quand même touché à un moment. Cela n’a pas suffi, plusieurs fois ne l’aurait pas non plus, suffit. Peut-être même que cela nous a éloignés, trop de petits rapprochements, pas chassés inutiles. Foutue loi d’attraction-répulsion. Ce qui nous attire, nous percute, explose puis quelque chose de nouveau en naît. Ce qui nous repousse, nous en éloignons tellement car l’espace est si grand, infini, que l’on y perd facilement quelqu’un l’à qui l’on tient. Une fois le mouvement lancé il ne s’arrête pas, comme si nous jouions aux billes dans le vide. Vogue la galère, ou cette petite bille qui roule, qui roule. Encore une foutue inertie, celle de l’éloignement sans frottement, sans la résistance d’un air compact, bien terrien.Une fois la première rencontre ratée, déjà mère de souffrances inutiles et d’incompréhensions, arrêtons là. Avec elle, c’est fini, car si nous nous recroiserons ce sera pour se venger mutuellement d’un commun accord, alors ça va saigner. Plus nous apprendrons à nous connaître plus nous aurons d’occasions de se faire mal, bien mal. Celui qui dure. Qui brûle si longtemps en nous. On s’en souviendra. Il sera rupture et collations. A chaque fin de repas, repu de souffrance de l’autre nous cesserons de blâmer pour, de nouveau consentir à cette idée absurde de nous. Nous nous consumerons en esquisses de fuites et nous spécialiserons dans le jeu du conflit. Un mot de travers provoquera une combustion spontanée d’un échafaudage bancal, né d’acquis, mêlé d’inné. Ce doit être une expérience forte en émotion, des fois j’ai envie de le faire, de croire que je peux revenir vers ce que je n’ai pas eu. On espère. Tout et n’importe quoi, comme se brûler la cervelle à deux. Après tout, la haine n’est pas plus moche que l’amour. Je pourrais presque croire que l’on s’aimera. On se tiraillera à jamais. On se projettera dans ce chaos qui sera aussi notre nid. On fera peut-être des mômes, pour les mettre au milieu, hébétés, pour qu’ils soient les impuissants spectateurs d’un désastre relationnel prévu et annoncé. Ils devront prendre parti, le plus tôt possible, nous les y aiderons bien sûr. «Non, mais t’as vu comme ta mère est conne.» A six ans, ça c’est un bon point pour papa. Que les connards, les psychologues remballent leurs jugements nous n’en tiendrons pas compte, on fera notre tambouille. Nous nous livrerons à cette haine déjà et encore viscérale. Elle contaminera à vie, nos enfants, notre famille, nos amis. Elle pourrira leurs existences à tous, pour nous. Et comme maman est déjà un peu psychotique, et papa un gentil pervers, il ne nous reste qu’à glisser lentement sur cette planche savonnée par nos soins, et nos erreurs, c’est pareil après tout. Puisque maman est triste et qu’elle va de plus en plus mal, papa la fera interner pour qu’elle se soigne. Les médocs vont la bousiller à petit feu, et j’espère bien que moi aussi. J’aurais la même emprise qu’un gros valium je l’apaiserais dans ses instants de folie, la contiendrais, une belle camisole affective. Elle, dans le peu de conscience qui lui restera, elle m’allumera sexuellement, je glisserais en elle pour rallumer une passion moite puis elle m’éjectera. Elle insistera pour que je me finisse à la main, que j’éjacule devant elle, pour que je la voie sourire et rire de ma frustration et de mon humiliation. Elle me castrera bien comme il faut. Les couilles dans un étau, j’exploserais en plein vol. Que nous ayons une fille, ou un garçon, je ferais fi de mes préférences sexuelles. Forcément belle-maman, viendra foutre ses naseaux fumants dans des histoires qui ne la regardent pas. Fini les sex-toys pour les anniversaires des petits, c’étaient pourtant des investissements tout à faits judicieux.Comme maman a essayé de se faire brûler vive cette semaine dans sa cellule, l’Ase, laissera peut être les enfants aller la voir, je les regarderais derrière une vitre puisque je n’aurais plus le droit de les approcher. J’aurais de la compassion, pour elle, mon ennemie jurée et aimée pour cela. Quand, elle, défigurée, ne me reconnaitras plus, l’esprit défoncé par tout la famille des benzos eux réunis, j’aurais honte, seulement à ce moment, je comprendrais. Quel gâchis. Moi, sans aucunes attaches, vidé de haine et d’amour, empli de honte égocentrique, je me collerais une bonne dragée entre les mandibules, en ayant, auparavant l’audace d’écrire une lettre aux enfants en leurs expliquant qu’ils me manqueront et que tout ça, cette histoire horrible, c’est de leur faute. Car nous ne pouvions plus cesser de haïr, nous, eux, tous.