Discover the contemporary work of TAZI
Tazi Mohammed B.A, rélisateur et peintre, est né à Fès (Maroc) le 15 janvier 1936. Cette brève présentation cherche à nous offrir l’occasion de mieux connaître TAZI Mohammed uniquement à travers sa peinture. Certes, j’ai toujours apprécié diverses œuvres de cet artiste au talent multiple. Mais, aujourd’hui, mon intention est d’essayer de ne mettre en valeur ici que sa production artistique et intellectuelle dans le domaine des arts plastiques. A chacune de ses expositions, ses tableaux offrent à la contemplation du public de profonds changements plastiques, sans pour autant présenter de discontinuité en ce qui concerne la caractéristique fondamentale de sa peinture, que l’on peut définir comme étant l’expression, par des formes et des couleurs, de la poésie de la vie dans les pays de la Méditerranée. L’image abstraite, qui sait traduire l’invisible en visible, comme dit Kandinsky, instaure une harmonie entre l’art et la vie, qu’elle met en rapport avec l’imaginaire pendant son action artistique. La recherche sur les signes et les couleurs relève du réel. Ne dit-on pas que rien n’est plus réel qu’une ligne ou une couleur D’un autre côté, Tazi lui-même dit qu’il est multiple et que cela constitue à la fois un défaut et une qualité. « Je suis, dit-il, plusieurs. Je l’ai toujours été. C’est un défaut parce que cela occasionne une dispersion qui risque d’être parfois pour le moins perturbant ; mais c’est aussi une qualité, dans la mesure où cela constitue une grande richesse en expériences et en connaissances. En plus, cela m’empêche de m’ennuyer. Je peins quand je me sens bien ; mais aussi quand quelque chose ne va pas comme je l’aurais voulu. Je peins pour maintenir mon équilibre et pour mieux résister aux aléas de la vie. Parfois, je peins pour simplement jouir de la vie en l’exprimant et en la chantant. » C’est cet aspect de la vie d’artiste de Tazi que je vais essayer de présenter ici. Je possède sur lui et sur sa peinture un grand nombre d’informations et de documents dont j’aimerai partager la connaissance avec des lecteurs que cela intéresse, dont sans doute d’autres peintres d’ici et d’ailleurs. Au départ, je voulais simplement procéder à une compilation d’extraits de presse et de documents divers, dont des photos de plusieurs de ses tableaux. Mais plus j’avançais dans cette tâche, plus elle devenait ardue, enchevêtrée, complexe. Entre tous les documents concernant l’artiste et ceux qui parlent de sa peinture, ses propres écrits et déclarations intéressant les arts plastiques en général et l’expression par l’image en particulier, entre les photos des tableaux et les critiques les concernant en arabe, en français et dans d’autres langues, il devenait pratiquement impossible de procéder à une simple classification d’archives. Il fallait leur conserver leur lien naturel, qui n’est autre que le peintre lui-même. A partir de ce moment, les choses devenaient sinon plus simples, du moins plus claires. En réalité, la peinture de Tazi est d’un intérêt évident, non seulement pour les connaisseurs et les autres peintres, mais même pour le grand public. Elle manifeste, certes, une véritable prédilection pour l’abstraction, mais comme elle puise ses sources dans l’arabesque et les arts arabo-musulmans si riches et si variés, elle se renouvelle sans cesse, refusant de céder aux habitudes courantes et aux règles diverses, classiques et autres. Les rumeurs qui cherchent à faire croire que « l’art moderne est dépassé », que « l’abstraction a fait son temps » , ou encore que « c’est le retour du réalisme figuratif ou représentatif »…, toutes ces balivernes n’ont aucune importance pour Tazi et n’influencent en aucune manière sa peinture. Pour lui, un art abstrait capable de se renouveler continuellement ne saurait être ni périmé, ni démodé, ni encore moins dépassé. En art, le renouveau qui possède suffisamment de souffle pour créer encore et encore supprime ce genre de problèmes. Il transcende le temps et l’espace. Aujourd’hui, le monde change sans cesse et vite. Il faut donc que la vision que l’on a de ce monde change avec lui et aussi vite. Il faut pouvoir se renouveler tout le temps, chercher, expérimenter, créer sans se répéter. Pour Tazi, l’abstraction n’est pas un courant ou un mouvement tel que le romantisme, l’expressionnisme ou l’impressionnisme. L’abstraction telle qu’il la conçoit couvre l’ensemble des arts plastiques. Ainsi, par exemple, un tableau peut très bien être à la fois abstrait et romantique, expressionniste ou autre. Pour lui, l’abstraction est une musique en formes et couleurs. Ce n’est pas un genre ; c’est un tout. La musique peut très bien être classique, romantique, expressionniste, de jazz, sérielle… Il en va de même pour l’abstraction en peinture. Comment peut-on affirmer, se demande Tazi, que l’abstrait géométrique , par exemple, a eu son heure ?- L’expression par des formes géométriques a toujours existé. On la trouve chez les Pharaons et même chez des hommes plus anciens encore. Elle existera donc toujours. » Il est certain que l’abstrait géométrique laisse à l’artiste beaucoup plus de liberté de création que l’art du portraitiste ou d’une façon générale l’art figuratif. L’image d’un visage n’est pratiquement jamais inexpressive. Elle est toujours significative, à moins d’en supprimer tous les traits ; auquel cas, l’artiste devra l’enrichir de sa personnalité pour en faire une image signifiante. ;L’aisance avec laquelle Tazi passe d’une expérience à une autre, d’un tableau à un autre totalement différent et pourtant reconnaissable même sans porter la signature de l’artiste, constitue l’une des caractéristique de son œuvre. Sa peinture refuse les étiquettes et l’étendue de son expression est vraiment vaste. La diversité de ses œuvres résulte des aspects multiples de son expérience du monde dans lequel il vit et de l’expression par l’image, aussi bien par celle animée et sonore de l’audiovisuel que par celle picturale et esthétique des arts plastiques. La création artistique constitue pour lui une véritable passion qui le plonge dans un état permanent de jouissance. Peindre constitue pour lui désormais sa raison d’être. « Une toile ou tout autre support à peindre est, dit-il, un espace existentiel qui permet de mieux vivre sa vie et de la chanter en formes et couleurs. » Tazi déteste la répétition en art et dans la vie. Il est lui-même en perpétuel renouvellement, liant le passé au présent pour mieux vivre l’avenir. Il continue à penser qu’il faut « vaincre pour vivre », même quand il ne s’agit de vaincre que la facilité et les habitudes acquises. Il dit encore qu’un tableau ne se limite pas au contenu intérieur de son cadre, puisque l’art n’a ni commencement ni fin. Il pense donc qu’au-delà des limites de la toile il y a la vie et que, quoi qu’il arrive, la vie continue. La peinture abstraite exprime les motivations profondes de l’artiste. Chaque nouveau tableau constitue une expérience réelle. La création opère de l’intérieur. L’artiste entre profondément en action en se mêlant psychiquement et esthétiquement à la matière qu’il travaille. Il se doit d’exprimer les secrets qu’il porte en lui. L’art est une sorte de médecine qui aide à mieux vivre sans rien imposer à personne. L’art est liberté et libération. Dr. Mohammed Abdelwahed. Rabat, le 15 Janvier 2005.