Jeune femme s'éclairant à la lecture d'un livre
Les tableaux peints par Pierre Darmstadter sont tantôt des paysages, tantôt des \"allégories\". D’abord les paysages. Pourquoi peindre des paysages et reproduire ce qui, semble t- il, est déjà sous nos yeux ? Parce que, comme l’a écrit très justement Oscar Wilde, « Ce n’est pas l’art qui imite la nature mais la nature qui imite l’art ». Et en effet, « On ne voit une chose que lorsqu’on en voit la beauté » (Oscar Wilde encore.) Or qu’est ce que la beauté ? Question difficile…à laquelle on peut répondre simplement (à condition de distinguer le beau de l’agréable) : La beauté, c’est le plaisir que l’on prend à la perception. Or la perception n’est pas, par nature, destinée à la contemplation (entendons par là la réflexion désintéressée du monde.) Son rôle premier est de nous informer. La perception a pour fonction utilitaire de connaître l’action des choses sur nous, de connaître le monde en vue d’agir sur lui. La beauté est précisément ce qui détourne la perception de sa finalité pratique en la forçant à s’exercer pour elle-même. Toutefois, la beauté n’est pas une qualité des choses. Elle est plutôt ce qui donne à la sensibilité l’occasion de produire des sentiments, des affects, de faire naître la rêverie ou la méditation. Mais tout n’est pas beau à voir, tout ne suscite pas en nous un sentiment de mystère, de sérénité, de mélancolie ou d’allégresse…Mais cela suffit à définir le travail du peintre et la peinture de paysage : extraire de la perception un affect et le rendre durable par les moyens de la peinture. Embellir, spiritualiser la nature, cela n’épuise pas les possibilités de la peinture. De là une deuxième direction : partir d’une idée (et non plus de la nature) pour lui donner une forme sensible et une traduction plastique ou encore dépasser la perception naturelle ou la subvertir, produire dans la perception l,équivalent du paradoxe dans la pensée. (Cf. « Où est le problème ? », « Cet obscur objet du désir », « La prisonnière », « Les vaches », « Le progrès en marche », « La nuit blanche ».) Évidemment, quelles que soient les intentions ou la théorie, « un tableau doit rester une fête pour l’œil »
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